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L'Étoile du désert

Le samedi 09 décembre 2023, par Laurent Sapir
30 ans après sa naissance sous la plume de Michael Connelly, Harry Bosch a déjà 70 ans. On aurait souhaité anniversaire plus fastueux, tant cette "Etoile du désert" brille bien moins que d'autres thrillers du même auteur.

Le lien est désormais quasi-filial entre Harry Bosch, l'enquêteur fétiche parfois bougon mais jamais en défaut d'humanité créé il y a trente ans par Michael Connelly, et Renée Ballard, sa jeune collègue surfeuse dont En attendant le jour nous avait révélé en 2019 toute la combativité, aussi bien contre les racines du mal que face aux vilenies de sa propre corporation, notamment en matière de sexisme et de harcèlement. Ce lien, Connelly le prolonge pour la 4e fois en installant Renée Ballard à la tête d'une unité des affaires non résolues, autrefois fermée faute de moyens avant de ressusciter grâce une fournée de bénévoles et autres retraités... comme par exemple ce cher Harry.

Si celui-ci accepte de reprendre du service, c'est parce que sa collègue, qui devient du même coup sa supérieure, lui a promis qu'il pourrait mettre un point final à une affaire qui le taraude depuis des années, à savoir le massacre de toute une famille dans le désert de Mojave. Cette obsession le mènera bien loin de Los Angeles, du côté de Key Largo, en Floride, mais avant ce final, et dans un équilibre toujours périlleux chez Connelly lorsqu'il met en scène deux enquêtes en parallèle, Ballard et Bosch sont amenés à résoudre les meurtres à dix ans d'intervalle de deux femmes tuées de la même manière. L'affaire n'est pas si simple à élucider dès lors que l'une des deux victimes est la sœur du conseiller municipal qui a fortement soutenu la réouverture de l'unité "cold cases" dont Renée Ballard est la cheffe...

Sauf que ce nouvel opus, on s'en rend compte assez rapidement, n'est pas le plus passionnant de son auteur: rien de bien neuf, ici, sur les techniques d'enquête ou les arcanes judiciaires que Connelly a toujours su formidablement documenter. La relation entre la jeune inspectrice et l'ex-flic n'est pas davantage développée par rapport aux thrillers précédents, et la plume de l'auteur semble moins alerte dans la description de Los Angeles. Moisson plus maigre que d'habitude, également, au sujet de la jazzophile de Bosch, même si Connelly n'aurait raté pour rien au monde la mention des 85 ans de Ron Carter...

Deux éléments tempèrent toutefois la déception. Le premier a pour nom Colleen Hatteras, une des membres de l'équipe spécialisée dans la généalogie génétique (aussi difficile à comprendre que le profilage géographique dans la série Sambre...) tout en faisant office de médium. Autant elle se plante à ce propos sur l'identité du coupable concernant la famille massacrée dans le désert, autant elle semble toucher juste lorsqu'elle détecte une "aura sombre" autour d'Harry Bosch. Les pilules aperçues sur une table de cuisine dès la première page donnent une idée de cette "dark aura". On les retrouve, ces pilules, lors du dénouement du récit, donnant au héros de Connelly une fragilité désormais indissociable de ses 70 ans, même si on l'a déjà vu dans le passé aux prises avec la maladie. À suivre, on l'espère...

L'Étoile du Désert, Michael Connelly (Calmann-Lévy)

 

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